Puisque personne n’a jamais voulu montrer cette « Arlésienne » qu’est Zoé, puisque tout le monde, au Bar de la Marine et sur le Vieux-Port, lui a tout mis sur le dos (au propre comme au figuré) sans jamais lui donner la parole à cette « petite fille très jolie, très coquette et qui ne pensait pas à mal », Gilles Ascaride a décidé de donner chair et verbe à Zoé, la fameuse tante d’une non moins fameuse trilogie marseillaise… et universelle.
Au crépuscule de sa vie, Zoé repasse le film de son existence : l’amour et les plaisirs sexuels, les brimades et les humiliations de sa sœur Honorade, les frasques de Marcus et Fanélie, la tendresse du patron du Bar de la Marine, Césaire, mais aussi la violence des hommes et des femmes, la pauvreté, le racisme, la guerre… et la « morale » d’une époque pas tout à fait révolue qui empêche les femmes de vivre leurs désirs et de disposer de leur corps. Avant l’heure, Zoé était une féministe – ou tout simplement une femme libre. Qui n’a jamais laissé « mesurer les autres ».
Un texte drôle et émouvant, à faire rire, sourire… et fendre le cœur.
Représentation au théâtre des Chartreux le 5 et 6 mars 2020.
COMMENT J’AI ÉCRIT ZOÉ…
Gilles Ascaride.
Point n’est besoin de présenter la trilogie de Marcel Pagnol, elle fait partie de notre culture commune et presque de nos gènes. La liste de ses protagonistes est connue de tout le monde et tous ces personnages font un peu partie de notre famille. Tous ? Voire. Il y en est un dont on parle parfois et que l’on ne voit jamais, véritable Arlésienne : la tante Zoé.
Si l’on en parle c’est à mots couverts et ce n’est jamais élogieux. Zoé, la gourgandine, est présentée comme celle qui a perdu son honneur et par suite détruit celui de sa famille, sinon celui de tout Marseille. Terrible destinée. Même si l’on dit d’elle « Zoé, c’était une petite fille très jolie, très coquette et qui ne pensait pas à mal. » (Marcel Pagnol – Marius-IV,4).
Je me suis toujours intéressé aux personnages cachés, dissimulés, exclus, voire réprouvés. Pourquoi Zoé a-t-elle été frappée à ce point par cette véritable « malédiction » ?
J’ai donc entrepris de l’approcher et – en fidélité totale à Marcel Pagnol que j’estime être un écrivain colossal – de tenter de reconstituer et de raconter sa vie.
On pourrait la résumer ainsi : Zoé n’est ni plus, ni moins qu’une femme qui a cherché sa voie et lutté pour sa liberté. Un vrai crime.