14/02/2024 17:30 - 19:00

Apogée de l’Empire  –  L’Algérie romaine : sur les traces de la IIIième Legio Augusta

Jean-Charles Jauffret, Professeur émérite d’histoire contemporaine ; ancien directeur du département d’histoire et du master « Histoire militaire comparée, géostratégie, défense et sécurité » de Science Po Aix.

En 1894, au retour d’un long périple en Algérie-Tunisie-Italie, André Gide évoque  « L’extrême civilisation romaine ». De mes visites dans le bled algérien, faites de 2004 à 2018, j’ai pu vérifier cette approche, ébloui par des sites à peine fouillés où apparaît, peut-être plus qu’ailleurs, la notion d’apogée de l’Empire romain, dont le destin et l’héritage continuent de nous fasciner.

 

Après la rude conquête de la riche Numidie (Algérie centrale et orientale), dont Jugurtha fut le dernier souverain, Rome sut se concilier les populations sous la garde de la IIIe Legio Augusta. Elle tint avec seulement 10 000 hommes et nombre de troupes auxiliaires un front Sud allant du Maroc à la Libye. En découle l’« auto-romanisation » des Romano-Africains après la fondation de colonies par des vétérans de la prestigieuse légion. Cette fastueuse période urbaine, que nous verrons à travers des sites comme Timgad, Tipaza ou Djemilla, révèle une Algérie-jardin exportant vers Rome ses surplus agricoles en blé, huile, marbre, cèdres de l’Aurès…

 

Or cette haute civilisation, aux riches mosaïques, atteint son apogée, non pas aux Ier et IIe siècles, mais sous les Sévère et l’antiquité tardive. Si le judaïsme est présent très tôt au Maghreb, c’est bien le christianisme qui l’emporte. Fleurissent les hérésies du IVe siècle, dont le donatisme. La conquête des Vandales et des Maures à partir de 429 met brutalement un terme à cette « Pax romana », sans doute la seule période heureuse de l’histoire de ce pays beau et farouche, l’Algérie.

Les mercredis 18 octobre, 13 décembre 2023, 14 février et 13 mars 2024 de 17h30 à 19h00.